Depuis la nuit des temps les céréales nourrissent l’humanité. Produire mieux et plus a été nécessaire pour répondre aux besoins d’une population grandissante. Nos ancêtres ont dû apprendre à améliorer progressivement les techniques de production, sélectionner des semences avec un meilleur potentiel génétique, des outils de plus en plus performants.

Les 60 dernières années ont vu l’émergence d’une industrie chimique puissante qui a mis à la disposition de l’agriculteur des engrais de plus en plus concentrés et variés en qualité, des herbicides sélectifs très performants et des fongicides pour répondre au développement de nombreuses maladies qui accompagnent l’agriculture intensive.  Ces progrès ont permis le formidable élan de productivité qu’ont connu les pays d’Europe et d’Amérique du Nord.

Notre pays est aujourd’hui confronté à la même problématique : une population en constante augmentation et des besoins qui sont chaque année plus conséquents. Une partie importante des céréales que nous consommons est importée. Nous dépendons en grande partie des productions d’ailleurs pour nous nourrir. Cela ne peut pas être viable sur le long terme. Nous devons produire ce que nous consommons pour nous mettre à l’abri de tout aléa et soulager notre balance des paiements.

Pouvons-nous le faire ? Je dirai « Oui, mais ». Oui car notre pays est riche d’un potentiel humain formidable capable de répondre à ce genre de défi. Des agriculteurs qui savent être performants lorsque les conditions sont réunies et délestés de lourdes contraintes : disponibilité d’engrais de qualité, du matériel adéquat, de produits de traitement de qualité, de semences en quantité et qualité et d’un financement de campagne. Cela ne suffit pas, il faut aussi de la pluie et chaque fois que possible de l’irrigation d’appoint.

Pour ce qui nous concerne, nous continuerons à faire des efforts pour développer de nouveaux engrais, de nouveaux produits de traitement phytosanitaires et former des équipes pour être de plus en plus performantes.

Les années à venir seront également problématiques pour le désherbage avec le développement de plus en plus apparent du phénomène de résistance. Le problème est vécu avec acuité en Europe du nord et chez nos voisins. Quelques adventices sont devenues résistantes à la quasi-totalité des herbicides vendus dans ces pays. Nous allons vivre ce problème dans peu de temps et les produits disponibles sur le marché ne pourront plus traiter certaines adventices comme le ray grass qui est devenu résistant à peu près partout. Des stratégies de substitution devront être mises en place. Nous y travaillons.  En attendant, il faudra préserver les dernières molécules introduites sur le marché Algérien : le Pinoxaden et le Pyroxulam, les alterner entre elles, autant que faire se peut, afin qu’elles durent le plus longtemps, dans l’attente de la découverte et l’introduction sur le marché de nouvelles molécules anti-graminées. Pour le moment,  les laboratoires de recherche internationaux ne prévoient rien avant une dizaine d’années.

Bonne campagne céréalière 2017-2018

Ali Meziani

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